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MADELEINE VIONNET
MADELEINE VIONNET
Tout d’abord j’adore le travail de Madeleine Vionnet, je l’ai découverte lors de mes études, et quand j’ai su qu’une exposition lui était consacrée j’étais enchantée.
Je me demandais comment allait être présenté son travail.
Comme toujours le musée des Arts décoratifs ne m’a pas étonné dans sa scénographie.
Ce sont toujours les mêmes vitrines incurvées sur fond noir, irrémédiablement à la même place.
Je ne sais pas si le musée veut rentabiliser cette présentation, mais cela commence à m’ennuyer légèrement.
J’aime quand un travail de scénographie a été savamment pensé pour que le visiteur se projette dans l’époque et l’atmosphère du sujet évoqué.
C’est pour cela que je suis toujours heureuse d’aller à une exposition du Musée Galliera, car ils s’attachent à développer un lieu en accord avec les costumes exposés.
Que pensez-vous de mon point de vue? Suis-je la seule?
Les Arts Décoratifs ont présenté une explosition merveilleuse de Madeleine Vionnet, puriste de la Mode, première rétrospective parisienne rendant hommage à l’une des plus grandes couturières françaises du XXe siècle à travers cent trente modèles de 1912 à 1939 conservés aux Arts Décoratifs.
Pionnière dans la maîtrise de la coupe en biais et de l’art du drapé, elle a su mettre son génie au service des femmes et de leur bien-être.
Madeleine Vionnet a permis une véritable transformation de la silhouette et de l’esthétique, marquant ainsi l’évolution de l’émancipation du corps féminin.
Figure phare de la haute-couture de l’entre-deux guerres,
Madeleine Vionnet est considérée comme « le couturier des couturiers ».
Née dans le Loiret en 1876, d’une famille modeste, elle s’installe avec son père nommé receveur d’octroi à Aubervilliers, en région parisienne, à l’âge de cinq ans.Bien que brillante élève, elle quitte l’école à 12 ans pour travailler et apprendre la couture chez la femme du garde champêtre.A 18 ans, elle décide d’apprendre l’anglais et se rend outre Manche où elle est employée comme lingère. En 1896, elle est engagée chez Kate Reily, maison de couture londonienne, où elle débute véritablement son apprentissage de la couture.De retour à Paris, cinq ans plus tard, elle entre chez les sœurs Callot, une des maisons de couture les plus prestigieuses où elle fait ses armes.En 1906, Jacques Doucet fait appel à elle et lui confie le soin de « rajeunir » sa maison.Mais en proposant aux mannequins de marcher pieds-nus, vêtues de robes souples qu’elles portent à même le corps sans s’appuyer sur l’incontournable carcan de rigueur à l’époque qu’est le corset, elle se heurte aux réticences de la maison et décide alors de voler de ses propres ailes.C’est en 1912 qu’elle ouvre sa propre maison de couture, au 222 rue de Rivoli, mais la Grande guerre la contraint de la fermer en 1914.
Dès sa réouverture en 1918, elle impose sa modernité et connaît le succès.
En 1923, sa maison de couture se trouvant à l’étroit, elle aménage un hôtel particulier, situé au 50 Avenue Montaigne.
Elle confie au décorateur Georges de Feure l’aménagement de ses salons dans le style Art déco, faisant de ce lieu un véritable temple de la mode à la conquête d’une clientèle internationale des plus raffinées.
L’organisation de la maison de couture fait preuve d’un réel esprit d’avant-garde.
En femme engagée, Madeleine Vionnet dirige sa maison de couture comme une entreprise moderne emprunte d’un esprit social peu courant pour l’époque.
Soucieuse du bien-être de ses employées, la nouvelle installation offre différents services sanitaires et sociaux : une cantine, un cabinet médical et dentaire gratuits pour le personnel et leur famille ainsi qu’une crèche.
Enfin, elle accorde des congés payés et des congés de maternité plus avantageux que ne l’imposent les lois sociales de l’époque.
En visionnaire éclairée, elle soutient « l’Association pour la défense des Arts Plastiques et Appliqués » dont l’objectif principal est de protéger les intérêts de l’industrie de la Haute Couture en s’opposant à la contre-façon.
Elle ferme sa maison de couture en 1939 lorsque la guerre éclate, elle est alors âgée de 63 ans.
En 1952, Madeleine Vionnet fait une donation exceptionnelle à l’Union Française des Arts du Costume qui rassemble
122 robes,
750 toiles patrons,
75 albums photographiques de copyrights,
des livres de comptes et des ouvrages issus de sa bibliothèque personnelle.
Plaque moulée dans le trottoir
au croisement de l’Avenue Montaigne
et de la Rue François Ier
Par cette démarche, elle fut la première couturière à avoir conscience de la nécessité de conservation de son patrimoine relevant de l’intérêt collectif, ce fonds est désormais conservé par Les Arts Décoratifs.
L’exposition retrace de façon chronologique, la carrière exceptionnelle de Madeleine Vionnet de 1912 à 1939.
Le premier étage, dont les modèles datent des années 1910 aux années 1920, met l’accent sur les caractéristiques propres aux créations de la couturière que sont : la structure et le décor du vêtement.
Technicienne hors pair, elle pousse le raffinement à l’extrême pour atteindre une pureté absolue des lignes, grâce à une parfaite maîtrise des propriétés intrinsèques du textile, de la coupe du vêtement et de son placement sur le corps.
Elle puise son inspiration à la source des civilisations.
Fascinée par la Grèce antique, elle tente de réinventer le drapé libre en réduisant les coutures et les attaches.
Avec le biais, qu’elle systématise et généralise à l’ensemble de la robe, le tissu s’échappe et flotte, moulant ainsi souplement le corps des femmes sans le contraindre ou s’enroule en drapé.
C’est à cette époque aussi qu’elle oriente ses recherches autour des formes géométriques que sont le carré et le rectangle, qu’elle expérimente sur une poupée de bois de taille réduite qui lui permet d’agencer plus aisément ces formes avant de faire confectionner le modèle en grandeur nature.
Perméable aux idées modernistes de son époque, Madeleine Vionnet modifie ainsi la conception traditionnelle du vêtement.
Ses préoccupations intellectuelles l’apparentent à celles des peintres puristes, Amédée Ozenfant ou Le Corbusier qui refusent toute anecdote pour ne garder que l’essence des formes géométriques aux vertus plus architecturales que picturales.
Le décor vient agrémenter la structure des pièces avec des motifs floraux – telle la rose qu’elle affectionne tout particulièrement - brodés, coupés, tressés ou incisés sur des matières comme le tulle, la laine mais aussi la fourrure.
Elle utilise une gamme de couleurs réduites :
le rouge,
le jaune
et chaque collection comporte systématiquement des modèles
en blanc et en noir.
En 1929, maniant à la perfection le carré et le rectangle,
Madeleine Vionnet introduit le cercle permettant à la robe d’être plus près du corps.
Au second étage, le visiteur découvre les créations des années 30, présentées année par année.
Au centre de l’ensemble du parcours, des vitrines thématiques explorent le travail de la couturière en soulignant certaines particularités telles les franges, l’introduction du cercle, l’étiquette comportant sa griffe.
La collaboration avec des décorateurs ou dessinateurs tels Georges de Feure ou Thayaht est également révélée dans le parcours.
Afin de pouvoir exposer cette sélection de modèles, Les Arts Décoratifs ont entrepris, depuis 2007, une vaste opération de restauration entièrement soutenue par Natixis, dans le cadre de sa politique de Mécénat Patrimoines d’hier, Trésors d’avenir.
Depuis 2003, Natixis s’engage auprès des plus grandes institutions culturelles pour rendre accessible au plus grand nombre les œuvres du patrimoine national, en faciliter l’analyse scientifique et la restauration.
C’est dans cette démarche que Natixis a précédemment mené des projets tels que l’acquisition de la Jeune Fille à la gerbe
de Camille Claudel aux côtés du musée Rodin, l’étude des célèbres Globes de Coronelli avec le C2RMF et la BnF, la restauration des tapisseries manquantes de la Tenture d’Artémise pour la
Manufacture des Gobelins ou bien encore l’exposition Babylone avec le musée du Louvre.
Andrée Putman, signe la scénographie de cette exposition. Figure incontournable de la scène internationale du design contemporain, elle a contribué à faire connaître dans les années 80 les architectes et créateurs contemporains de Madeleine Vionnet :
Jean Michel Frank, Eileen Gray, Pierre Chareau, Robert Mallet Stevens dont elle a réédité les objets les plus emblématiques.
Le catalogue de l’exposition met en parallèle les chefs-d’œuvre de la collection des Arts Décoratifs, photographiés par Patrick Gries, avec le regard des plus grands photographes de mode des années 1920-1930 et de précieux documents d’archive.
Les textes retracent le parcours de Madeleine Vionnet, analysent la spécificité de ses créations et étudient sa relation avec les artistes décorateurs de l’époque.
sources :
Créatrice française
Madeleine Vionnet a énormément influencé la mode du XXe siècle. Plusieurs créateurs s’inspirent d’elles pour leurs propres créations.
A dix-huit ans, elle se marie et à vingt ans alors que le XIXe siècle n’est pas terminé, elle se conduit en féministe avant la lettre en prenant la décision de quitter à la fois son travail, son mari et son pays.
Elle traverse la Manche et se fait engager comme couturière dans un asile d’aliénés puis chez une dame qui habille les Britanniques de la bonne société.
En 1900, fascinée par Isadora Duncan et ses formes libres, elle explore l’art du drapé qu’elle maîtrisera si bien que l’année suivante elle est engagée comme première main dans une célèbre maison de Paris aujourd’hui tombée dans l’oubli :
les sœurs Callot.
« Grâce aux sœurs Caillot, dira-t-elle, j’ai pu faire des Rolls-Royce.
Sans elles j’aurai fait des Ford. ».
Elle travaille plus tard pour Jacques Doucet chez qui elle supprimera définitivement l’usage du corset dans toutes ses créations.
Voyant son succès grandir, elle ouvre la Maison de couture Vionnetau 222 rue de Rivoli à Paris en 1912.
Mais la guerre l’oblige à fermer sa maison de couture mais pas à cesser de travailler puisque les modèles des années 1917 à 1919 sont parmi les plus audacieux qu’elles aient construits.
Ce n’est qu’après la Première Guerre mondiale qu’elle connut le succès qui l’amène à ouvrir une maison à New York en 1924.
De 1920 à 1930, elle donnera libre cours à sa passion des fleurs à travers des jupes corolles
et surtout des amas de roses en bandeaux, en colliers, en guirlandes, toujours parsemées sur des capes ou des cols.
A la même époque l’invention du biais et la façon dont Madeleine Vionnet en défendra la maternité devant les contrefacteurs reste inscrits à tout jamais dans la mémoire de la mode.
Elles furent l’occasion d’un historique procès qu’elle gagnera.
« Non seulement, dit-elle, j’appose sur chaque modèle sorti de chez moi ma griffe et un numéro de série mais aussi mon empreinte digitale. Je donne aussi le nom des personnes que j’autorise officiellement à copier mes œuvres à plusieurs exemplaires. »
C’est ainsi qu’elle constituera une inestimable collection d’archives où chacun de ses modèles est photographié de face, de dos et de profil.
Ses modèles sont vus sur la Duchesse Sforza, sur Madame de Vilmorin ou encore sur Liane de Pougy.
Dans le même temps, elle s’installe avenue Montaigne et collabore à la décoration des Galeries Lafayette
dont elle veut faire un temple de la mode.
Plus que des robes, ses créations deviennent de véritables architectures à draper selon un rituel de gestes précis.
Elle avait l’habitude de travailler sur un petit mannequin de bois peint sur lequel elle assemblait toutes ses créations en modèles réduits.
En décembre 1940, la maison Vionnet est mise en liquidation à l’hôtel Drouot.
Tout le monde est licencié.
A partir de ce moment, Madeleine Vionnet partage son temps entre la culture de son jardin, l’observation de la nature et l’écriture d’une correspondance très belle et très authentique qu’elle adresse à son ancienne première main et à Liane de Pougy.
Son seul lien avec la couture consistera à donner des cours de biais à l’Ecole de Couture de la rue Saint Roch et à confier l’ensemble des modèles qu’elle a conservés, ses albums de copyrights et huit cent toiles de patrons à son ami François Boucher qui, dès 1952, veut créer à Paris le Musée du Costume.
source : http://latelierdanne.unblog.fr/2009/04/20/madeleine-vionnet/
SOURCES
D.R.
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